DodekâAIMES
  • Blog
    • La science réenchantée
    • Nature multidimensionnelle de l’Homme
    • Traditions, symbolisme et spiritualité
    • Santé et pratiques thérapeutiques
    • Santé, hygiénisme, mouvement et mode de vie
    • Santé et Conscience
    • Espace expérimental et expérientiel
  • A propos
  • Contributeurs
  • Contact
No Result
View All Result
DodekâAIMES
No Result
View All Result

L’effort pour rendre l’autre fou

29/12/2024
in Santé et pratiques thérapeutiques

Accueil » Santé et pratiques thérapeutiques » L’effort pour rendre l’autre fou

Rendre l’autre fou, c’est l’enfermer dans une parole vide

Le psychanalyste  Harold SEARLES dans son ouvrage « L’effort pour rendre l’autre fou », publié en 1965, nous fait partager une expérience singulière auprès de patients schizophrènes dont il met en évidence les interactions des processus inconscients dans la relation du psychotique avec son entourage. Cet auteur nous invite à rester en contact avec ce qui nous touche au plus profond de nous-mêmes, il sait nous faire entendre des mots simples tels que la haine et l’amour, le mépris et l’adoration, la vengeance et l’estime. Il insiste sur ce qui peut éclairer le thérapeute dans ce qu’il trouve au cœur de lui-même, creuset et source d’une approche toujours renouvelée où chacun (patient et thérapeute) « va être créé et trouvé par l’autre », selon les termes de WINNICOT.

Rendre l’autre fou, c’est l’enfermer dans une parole vide, l’emmurer dans une pensée qui ne lui laisse aucune place, ou encore le pousser à agir dans le contenu fantasmatique de notre propre projection ou dénégation. Que reste-t-il alors au sujet comme recours ? Il agit sous l’emprise de la pulsion ou se trouve réduit à une vision totalisante de l’existence sans pouvoir intégrer le bon et le mauvais, marionnette dont on tire les ficelles.

Selon SEARLES, « l’instauration de toute interaction interpersonnelle qui tend à favoriser un conflit affectif chez l’autre – qui tend à faire agir les unes contre les autres les différentes aires de sa personnalité – tend à le rendre fou (schizophrène) ».

Dans la relation patient – thérapeute, il est important de reconnaître la partie aliénée de sa personnalité, de la tolérer, elle constitue un levier thérapeutique puissant, nous dit SEARLES. « C’est dans celle-ci que l’on peut le plus nettement discerner ce mode d’interaction qu’est l’effort pour rendre l’autre fou … Phase au cours de laquelle se trouve reconstituée, entre le patient et le thérapeute, une des plus anciennes luttes entre le patient et le parent pour se rendre mutuellement fous ».

Pierre FEDIDA, dans la préface de l’ouvrage de SEARLES, nous indique : « L’exigence du psychotique à l’égard de l’analyste est celle de l’inviter à cette interminable analyse ». Mise à l’épreuve d’une vérité radicale où la seule ressource de l’analyste s’appuie sur son analyse personnelle et ses qualités humaines, individuelles. Il nous dit encore « celui qu’on nomme schizophrène n’est pas différent de nous ». En lien avec cette réflexion, SEARLES reprend « j’ai découvert que l’un des critères les plus sûrs pour savoir si un malade est schizophrène consiste à se sentir soi-même, devenir inhumain par rapport au malade,  à se sentir par exemple vis-à-vis de lui si dur ou si sadique, ou tellement envahi de fantasmes étranges, que l’on se vit comme extérieur au monde humain ».

Le rôle du transfert dans la relation patient-thérapeute

Le rôle du transfert dans la démarche de SEARLES implique, de la part de l’analyste, une cohérence interne, une unité dans sa parole ; en effet, le schizophrène pousse l’analyste à répondre dans l’actualité du transfert sans faux-fuyant, sans compromis ni masque. Le facteur temporel est une donnée essentielle, la relation thérapeutique engagée peut demander, parfois, des années avant que le schizophrène se détache progressivement du chaos de l’univers opaque dont il est prisonnier. Peut-être, devons-nous émettre quelques réserves quant à la durée de la prise en charge, car il peut se produire une situation inverse à celle souhaitée, à savoir, l’induction d’un processus persécutif vécu de la part du patient psychotique.

Chez le névrosé, le transfert suppose une relation triangulaire (patient, thérapeute et personne qui a figuré dans son enfance), chez le psychotique, la relation ne s’établit pas de la même façon, puisque celui-ci n’est jamais parvenu à un état suffisant de différenciation et d’intégration du moi, il reste plongé dans un univers indifférencié. La participation neutre de l’analyste est importante, nécessaire pour un premier temps d’observation mais surtout pour l’espace donné au patient comme possibilité d’exprimer son hostilité si besoin est.

Harold SEARLES dégage différentes phases au cours du transfert : Tout d’abord, l’analyste doit être capable de fonctionner comme une partie du patient, il est identifié, la plupart du temps, à un objet partiel inanimé. A plus long terme, le deuxième objectif est de rétablir, chez le patient, un processus d’individuation, en s’aidant du champ relationnel établi. La tendance symbiotique et fusionnelle du psychotique n’est en fait que la reconstitution patient-parent qui se rejoue dans le transfert, elle correspond, nous dit SEARLES, à une phase d’adoration (rappel d’un narcissisme maternel non résolu). La présence silencieuse du thérapeute, le support de son visage favorisera la projection et l’introjection dans la relation thérapeute-patient, mémoire du premier regard porté sur le patient lors de sa petite enfance. Le cadre de l’analyse qui permet l’instauration et le fonctionnement d’un espace thérapeutique pour le psychotique demande à se constituer progressivement – silence qui ouvre l’espace psychique – accueil et écoute dont le patient puise des signes – des indices de re-connaissance.

La dernière phase sera axée, plus spécialement, sur la fonction interprétative, dont l’objet sera d’aider le patient à percevoir le thérapeute comme personne totale. La fonction matricielle de l’analyste est ici de premier ordre, dans le sens où c’est à partir d’elle que le processus de différenciation du moi pourra s’engager et se développer par identifications successives à l’objet transférentiel. Dans le même temps, va s’opérer le processus de désillusionnement, travail intégratif des bons et mauvais percepts. Il est donc important, pour le thérapeute, nous dit SEARLES, de supporter de voir, et de partager sur le plan affectif le monde dans lequel vit le schizophrène. L’idéal transférentiel consisterait en ceci : que tout ce qui est révélé par le patient soit jugé significatif pour l’analyste dont la présentification, la personnification et les réponses de ce dernier soutiendraient l’accession du patient à sa vérité.

SEARLES nous résume ainsi son point de vue sur le transfert : « Les données les plus sûres et les plus solides proviennent du déroulement de l’évolution du transfert du malade sur le thérapeute – par les réactions transférentielles du malade ainsi que par la réalité de ses propres réactions affectives en réponse à celles du malade qui le voit comme étant, par exemple, le père ou la mère de son enfance, le thérapeute parvient à connaître les éléments qui ont faussé les expériences émotionnelles essentielles de la première enfance pendant lesquelles l’enfant en bonne santé commence habituellement à acquérir réellement son individualité ».

Le rôle transférentiel est au centre de la maladie du patient et le thérapeute est confronté à l’introjection (père ou mère) de ce parent déformé et non intégré à son moi, le patient vit sous la menace de ces figures persécutrices projetées sur le monde extérieur mais aussi incorporées et qui lui sont, pour une large part, méconnues.

Harold Frederic Searles (1918 – 2015), grand analyste mais aussi observateur sagace et théoricien créatif, était l’un des pionniers de la médecine psychiatrique, spécialisé dans les traitements psychanalytiques de la schizophrénie. Harold Searles a la réputation d’être un virtuose de la thérapie avec les patients difficiles et borderline.

Le concept d'identification projective

Le concept d’identification projective d’origine kleinienne est un mécanisme de défense dont SEARLES souligne l’importance dans la compréhension clinique des patients schizophrènes. La position schizo-paranoïde, décrite par Mélanie KLEIN, est caractérisée par un clivage entre l’objet aimé et l’objet haï qui émane de la relation objectale au sein; ce qui est bon est gratifiant, ce qui est mauvais est frustrant. La projection consiste à évacuer les mauvais objets, sur un plan pathologique, il y a incorporation des objets partiels, le sujet est sous l’emprise de ses identifications dont il ne peut détacher son appareil psychique. Le schizophrène fait entrer, tour à tour, une partie ou la totalité du soi dans l’autre; celle-ci étant investie fantasmatiquement de façon gratifiante ou persécutrice. Induction d’une persécution en retour lorsque les mauvais objets du soi déplacés chez l’autre vont de force tenter de réintégrer le moi.

BION aborde le concept d’identification projective sous l’angle de la structuration psychique de l’enfant, introjection du lien entre représentation de mots et représentation de choses. En effet, la capacité de rêverie maternelle, selon lui, possède la propriété à contenir les anxiétés de l’enfant – l’appel, les pleurs sont porteurs de signifiants pour la mère, ce qui permet à l’enfant de reprendre à son compte, d’introjecter les éléments psychiques devenus acceptables, utilisables dans la construction de sa personnalité, et, dans le développement de sa capacité à penser.

Melanie Klein (1882-1960), figure importante du mouvement psychanalytique britannique (à gauche), a particulièrement théorisé les positions « paranoïde-schizoïde » et les positions « dépressive ». Wilfred Bion (1897-1979), psychiatre et psychanalyste britannique (à droite), pionnier de la psychothérapie de groupe, de la psychanalyse groupale et de la théorisation sur la psychose. En 1945, Bion reprend une analyse avec Melanie Klein, qui dure jusqu’en 1953 et il devient membre associé de la Société britannique de psychanalyse en 1950. Selon Bion, toute personnalité individuelle possède une fraction psychotique dont certains traits dominants sont l’intolérance à la frustration, la crainte de l’anéantissement, la violence de pulsions destructrices en lutte contre la réalité. Il prolonge la notion d’identification projective dans une perspective post-kleinienne. Pour se protéger des réalités qu’il ne peut accepter, le sujet psychotique les projette à l’extérieur.

La qualité des premières relations objectales, et plus précisément, la présence d’une mère suffisamment bonne, permet à l’enfant de passer à l’état adulte. En ce qui concerne la prise en charge des patients schizophrènes, SEARLES nous évoque l’importance des besoins de dépendance liés à l’expérience infantile tels que l’amour et la protection dans la dynamique du transfert. L’omnipotence subjective – ce qui empêche l’enfant d’exister pour lui-même – joue, également, un rôle significatif. L’analyste constitue, à la fois, objet de réparation du patient et référentiel intégratif d’identité.

La liberté est un élément fondamental pour l’analyste, celle de s’accepter comme homme, porteur à la fois de haine et d’amour, sentiments qui favorisent la dynamique thérapeutique s’ils sont pleinement acceptés, qui font croître et libèrent le patient psychotique, selon SEARLES.

Pierre FEDIDA indique, dans la préface, que la fascination exercée par le schizophrène sur le thérapeute n’est pas sans lien avec le noyau narcissique de la personnalité de ce dernier, foyer vivant de l’identité de soi. Il souligne, également, que l’attirance du thérapeute pour guérir les patients schizophrènes – « les patients vecteurs » – selon l’expression de WITHAKER et MALONE, prend naissance dans l’expérience infantile où les pulsions à « guérir » ses propres parents l’ont imprégné plus fortement. Harold SEARLES ajoute, également, « que l’enfant terrorisé, que le thérapeute porte en lui – part de lui-même qui est comme un petit enfant abandonné, effrayé, confus – constitue un ressort important dans le travail avec les schizophrènes car ceux-ci, dit-il, ont très fortement tendance à établir un contact avec, et à apporter à l’enfant qui, dans le parent, est ainsi isolé, effrayé ».

L’attitude psychiatrique qui consiste à décrire les phénomènes psychopathologiques et parfois la position doctrinale de la psychanalyse constitue des attitudes qui isolent le patient. SEARLES précise : « chez ceux qui ont professionnellement choisi de traiter la maladie psychiatrique, subsiste la présence de désirs puissants refoulés depuis longtemps, de découper la structure ou la personnalité des autres ».

En conclusion, SEARLES  insiste sur le potentiel thérapeutique existant au fond de chaque être. « Dans une recherche incessante pour trouver des médicaments spécifiques de plus en plus efficaces mais inévitablement inhumains, nous nous éloignons de plus en plus de la possibilité d’accéder à ce pouvoir thérapeutique spécifique qui se trouve à l’intérieur de nous-mêmes et qui comporte des émotions intenses et très personnalisées ».

Gilles-auteur

AUTEUR : Gilles Broussard

Psychologue clinicien

Références bibliographiques :

Harold Searles  « L’effort pour rendre l’autre fou » – Connaissance de l’inconscient – éditions Gallimard                                                                  

Nos autres articles

La démarche en Santé Fonctionnelle et micronutrition

La démarche en Santé Fonctionnelle et micronutrition

01/01/2025
Accueillir et pen(an)ser son enfant intérieur

Accueillir et pen(an)ser son enfant intérieur

29/12/2024
La Parole au coeur de nos vies

La Parole au coeur de nos vies

28/12/2024

Les catégories d’articles

La science réénchantée


Nature multidimensionnelle de l’Homme


Traditions, symbolisme et spiritualité


Santé et pratiques thérapeutiques


Santé, hygiénisme, mouvement et mode de vie


Santé et Conscience​


Espace expérimental et expérientiel​

Accès rapides

La science réénchantée

Nature multidimensionnelle de l’Homme

Traditions, symbolisme et spiritualité

Santé et pratiques thérapeutiques

Santé, hygiénisme, mouvement et mode de vie

Santé et Conscience​

Espace expérimental et expérientiel​

DodékâAIMES le blog

Le blog ou l’on parle d’accompagnement en santé globale au travers de l’information, du mouvement, de l’énergie et de la spiritualité. Comprendre que tout est Conscience nous amène à changer notre relation au monde et notre rapport à la santé.

  • Mention légales
  • Contributeurs
  • Contact

Copyright ©2022 DodekâAIMES - Création H-UP Communication.

  • Blog
    • La science réenchantée
    • Nature multidimensionnelle de l’Homme
    • Traditions, symbolisme et spiritualité
    • Santé et pratiques thérapeutiques
    • Santé, hygiénisme, mouvement et mode de vie
    • Santé et Conscience
    • Espace expérimental et expérientiel
  • A propos
  • Contributeurs
  • Contact

Copyright ©2022 DodekâAIMES - Création H-UP Communication.